Eulàlia Grau
Terrassa, 1946
Eulàlia Grau, également connue sous son seul prénom d’Eulàlia, commence à étudier les beaux-arts à Barcelone, avant d’abandonner cette voie pour se consacrer à des études de cinéma à la Sala Aixelà, où elle suit l’enseignement de professeurs tels que Pere Portabella et Alexandre Cirici. Elle intègre ensuite l’école de design Eina, où elle rencontre Albert Ràfols-Casamada et Josep Maria Carandell, et travaillera un temps à Milan, au service du studio de design Olivetti.
La plupart de ses œuvres ont été réalisées dans les années 1970 et au début des années 1980. Après un court séjour en Allemagne au milieu des années 1980, elle se rend au Japon et en Chine où elle demeure jusqu’à la fin de la décennie suivante, date à laquelle elle revient à Barcelone et poursuit sa carrière artistique.
Dans son travail, Eulàlia emploie des photographies issues des médias, qu’elle re-contextualisent en établissant un dialogue entre elles, faisant émerger des messages sociaux très critiques. Outre les toiles émulsionnées et les sérigraphies, elle réalise également des affiches et des insertions dans des livres et des magazines. Dans une tentative d’échapper aux canaux médiatiques artistiques habituels, Eulàlia construit son œuvre comme un témoignage inconfortable de la société de son temps. Son travail documente les faiblesses, les contradictions et les perversités du système capitaliste, non seulement dans les mécanismes de perpétuation les plus évidents comme la police, l’armée et les prisons, mais aussi dans des institutions plus subtiles comme la famille, les écoles et les médias. L’un de ses thèmes de prédilection est la critique du genre. À travers elle, elle dénonce la situation abusive et inégalitaire des femmes et remet en question les stéréotypes féminins dans les sphères publiques et privées.
En 2013, le MACBA a présenté une exposition rassemblant ses œuvres les plus critiques. La même année, le Museo de Arte Contemporáneo de Castilla y León (MUSAC) l’inclut à « Genealogías feministas » et en 2015 la Tate Modern expose une sélection de ses créations à l’occasion de « The World Goes Pop ». Son œuvre fait partie de la collection permanente du Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía (Madrid), du Museu d’Art Contemporani de Barcelona et du Museu Nacional d’Art de Catalunya (Barcelone).