- Barcelona

Picasso. Paysages humains

Mayoral présente une exposition consacrée à Pablo Picasso (Malaga, 1881–Mougins, 1973) qui illustre l’importance de la figure humaine dans le champ d’expérimentation idéal de l’artiste. Une sélection de sept œuvres, de la période allant de 1902 à 1970, permet de remarquer le talent de Picasso pour représenter la nature humaine à travers son traitement révolutionnaire de la figure, dans toute sa splendeur et avec tous ses défauts. L’exposition, qui intervient dans le cadre des commémorations du 50ème anniversaire de la mort de l’artiste, est organisée en collaboration avec la commissaire Victoria Combalía.
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Picasso. Paysages humains

 

Picasso. Paysages humains
18/01 – 18/03/2023

 

L’exposition réunit des peintures et dessins qui sont des personnages, des corps et des visages du paysage qui intéressait le plus l’artiste : le paysage humain. Victoria Combalía affirme qu’« il recherchait des modèles, et au cours de sa vie il est tombé amoureux, plastiquement et émotionnellement, de visages. Ses femmes ont toujours été des visages très intéressants pour sa peinture. D’autre part, il y a évidemment beaucoup d’autres figures qui l’intéressaient : des hommes, des vieilles ou des vieux, des enfants… », ce que nous pouvons observer dans l’une des œuvres les plus remarquables de l’exposition : Groupes de personnages (1960). Dans cette œuvre réalisée au crayon de charbon sur toile, qui est exposée pour la première fois dans la ville, on peut voir des enfants avec des rameaux de Pâques, d’autres figures aux extrémités et un cheval, également avec des rameaux. Il s’agit d’une œuvre originale, commandée par l’architecte Xavier Busquets pour la façade principale du siège du Collège Officiel d’Architectes de Catalogne (COAC) à Barcelone : la Fris dels Gegants (Frise des Géants). Picasso est aussi l’auteur des frises situées sur les côtés de la façade et à l’intérieur du bâtiment, s’inspirant de la culture méditerranéenne et d’éléments propres à la culture catalane, comme par exemple les sardanes ou « els Tres Tombs » (Les Trois Tombes). À partir des dessins de Picasso, l’artiste norvégien Carl Nesjar a réalisé un sgraffite sur béton. Busquets lui-même, réalisateur de l’œuvre, a commenté que l’on peut observer la recherche de Picasso pour une simplicité essentielle, conformément au désir de l’artiste de redécouvrir les racines primitives et synthétiques qui l’ont occupé toute sa vie :

« En me montrant les dessins, Picasso a fait allusion au désir de synthèse et à l’effort de simplicité qu’ils impliquaient. Cela -a-t-il conclu littéralement- je n’aurais pas été capable de le faire auparavant ». [1]

Parmi la sélection d’œuvres, nous distinguons également une huile sur toile datée de 1965, Photographe et singe, composée de tâches de couleur pastel où, comme le remarque Combalía, le photographe -qui est allongé sur un tapis, les jambes croisées vers le haut- est presque abstrait. Enfin, penchons-nous sur deux œuvres au caractère érotique :  Nu, chèvre et oriental (1967), un dessin aux lignes rythmiques en lien avec la représentation de la figure de l’odalisque. D’autre part, dans Trieu i remeneu (Choisissez et mélangez-les) (c. 1902), l’œuvre la plus ancienne de l’exposition, Picasso représente deux prostituées observées par un éventuel client dans le style typique des dessins de l’époque où il a été formé à Els Quatre Gats de Barcelone, au début du XX siècle. Comme l’a montré l’écrivaine et collectionneuse d’art Gertrude Stein dans son portrait de l’artiste : « il a toujours compris que la seule chose qui l’intéressait c’étaient les gens. […] La tête, le visage, le corps humain c’est la seule chose qui compte pour Picasso ».[2]

 

 

[1] Busquets i Sindreu, Xavier. Els esgrafiats de Picasso en el Col·legi d’Arquitectes de Barcelona. Barcelona: Reial Acadèmia de Belles Arts de Sant Jordi, 1987, p. 14.
[2] Stein, Gertrude. Picasso. Madrid: Casimiro libros, 1987 [1ª edición, 1938]